FRANÇOIS THOMASSET DIT L'ARTISTE, MÉCANICIEN ET INVENTEUR EN BOURBONNAIS

François Thomasset (1894-1962)

C'est à Peublanc entre la rivière le Graveron et la Tuilerie que Catherine née Gouthéraud, épouse de Pierre Thomasset, donna le jour le 22 janvier 1894 à Sorbier.

Pierre était employé au Tacot comme mécanicien d'entretien avec " l'autorisation de le conduire ". Il a commencé sa carrière à Sorbier et il la terminera à Montmarault. 

C'est sans doute en suivant son père que le jeune François attrape le virus de la mécanique et celui de la bicyclette... Il n'était pas rare de le voir faire la course avec le train et de l'entendre crier : " Il n'avance pas ce tacot !".

Rapidement le couple s'installa à Montcombroux dans une maison située dans la Grande Rue, Pierre Thomasset continuait à travailler pour les chemins de fer et François grandissait.
 
À l'adolescence il a été engagé comme apprenti mécanicien à Le Donjon au lieu dit de L’Épine...  
 
François était perfectionniste, il avait toujours "un train d'avance " pour perfectionner un système et améliorer une idée pour qu'elle devienne une réalité mécanique. C'était le bon vieux temps, le temps des jours heureux, car en Europe, les nations bouillonnaient, elles se livraient à une folle course aux armements, presque   tous les États européens souhaitent la guerre : 
 
La France veut sa revanche de la guerre de 1870 et reprendre l'Alscace-Lorraine, le Royaume-Uni lorgne vers les colonies allemandes d'Afrique et se méfie de sa nouvelle flotte de guerre, l'Allemagne industrielle est prise en étau face aux puissances libérales et craint pour son approvisionnement en matières premières car elle n'a que très peu de colonies, l'Italie veut prendre les terres irrédentes à l'Autriche-Hongrie, l'Autriche-Hongrie est déchirée entre ses différentes nationalités et espère par une victoire militaire retrouver son prestige, l'Empire ottoman n'a pas d'autre choix que de combattre pour ne pas finir comme une colonie des européens, et la Russie, enfin, craint une révolution et croit trouver dans la guerre sa survie.
 
Les Nations s'engouffraient inexorablement dans les ténèbres d'une guerre qui allait durer quatre ans.
 
C'est dans ce contexte de cet fin de siècle historique (1815 -1914) que François Thomasset fut mobilisé et incorporé au 81e Régiment d'Infanterie de ligne, ce prestigieux régiment né en 1684 le mènera jusqu'en 1918 dans les confins de l'horreur des tranchées de Verdun. François Thomasset passera quatre années sur le front. 
 
Il racontera plus tard à ses proches, lors de veillées, ce qu'il s'est passé pour lui et ses compagnons dans ses tranchées où régnaient l'instinct de survie, le sens du Devoir, et  l'obligation de survivre pour le remplir.

À chaque instant la faucheuse était au rendez-vous et tissait son tapis de sang, des cadavres emmaillotés dans leur uniforme recouvraient le fond des tranchées. 

François Thomasset devait les enjamber et au péril de sa vie, il apportait de l'eau à ses compagnons blessés.

Un soir de clair de lune, un officier allemand le mit en joue et tira avec son pistolet, Thomasset fit le mort, l'Allemand partit le croyant mort.
 
Une autre fois, un officier français a demandé à un groupe de soldats de réfléchir à quelque chose qui pourrait  protéger la culasse des fusils-mitrailleurs car les culasses subissaient les éclaboussures de terre et d'eau.  
 
Il s’annonça et résolut le problème, c'était une parenthèse, un moment de répit pendant la guerre.
 
Après avoir vécu ces horreurs et subi maintes fois le souffle des explosions des obus, François Thomasset revint peu à peu à la vie civile. 
 
La guerre finie, il passa quelques jours en permission dans la maison de son oncle qui dirigeait une entreprise de maçonnerie à Châtenay-Malabry, (avenue de Robinson). Il fut démobilisé au printemps 1919.  
 
Carte postale de François Thomasset envoyée depuis Châtenay-Malabry

 
La France l'honorera par la médaille de Verdun et la médaille Interalliée (médaille de la Victoire) et lui  octroiera une pension à vie.
 
Après la Der des Ders, il a travaillé chez Manufrance sur le fameux vélo Hirondelle fabriqué de 1900 à 1960 et qui a été notamment utilisé par les brigades cyclistes de la police de Paris jusqu'en 1984.

À Saint-Etienne, il a proposé des nouveautés pour le système de freinage des bicyclettes... Initiative qui fut récompensée par un retour dans l'Allier, où il a travaillé comme mécanicien dans une entreprise qui réparait les batteuses.

Vers la fin des années 1930, il s'est installé dans la maison familiale de Montcombroux. Il y tenait un atelier de réparation de bicyclettes et de mécanique générale.

 

 

Et parmi ses autres occupations, il sculptait et créait. Parmi ses créations les plus remarquables, on peut citer une véranda ronde construite en acier entourée de verre et qui tournait sur un axe, cet alambic qui fonctionne toujours et de nombreux bustes qu'il a sculpté.



 

Après la Seconde guerre mondiale, l'ingénieur des mines de Montcombroux lui offrit son Sefer Torah,  mais on ne connaît pas la raison de ce cadeau peu banal. 

François Thomasset a tiré sa révérence le 8 décembre 1962 à Yzeure, emportant avec lui ses secrets.

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