JULES THOMASSET DISTILLATEUR AMBULANT À SORBIER

 

Jules Thomasset, distillateur ambulant (1907-1991)

Jules Thomasset était un artisan distillateur. sa clientèle était composée de huit cent quarante fidèles, souvent des amis, qui venaient de Neuilly-le-Réal, de Chapeau, de Trézelles, de Thionne  faire distiller leurs raisins, leurs pêches, leurs poires et leurs pommes. Ils en faisaient du vin , du cidre, mais surtout de la gnôle.

Si Georges Brassens, René Fallet, Jean Carmet, Michel Audiard y venaient chercher de l'inspiration, les gens d'ici utilisaient la gnôle dans le café du matin ou après le déjeuner, toujours deux cuillères à café. Elle était utilisée  également  comme médicament pour désinfecter les blessures des gens et des animaux. On en donnait aussi aux bovins qui peinaient à digérer.

 


Jules exerçait son beau métier, à Jaligny à côté de la Besbre, en écoutant ses clients, et comme une fois en regardant le Maître maçon Dubois de Thionne, le papa d'Agathe Fallet, terminait de construire la maison du docteur Besseyrias. Un jour de novembre, par un froid de canard, il mettait la dernière main à l'ouvrage en crépissant la cheminée du médecin.

Il distillait aussi à l'étang de Sorbier, le long de la Besbre à Jaligny et Chavroches, ou à côté du Graveron, une rivière de Châtelperron, car il faut de l'eau, les fruits fermentés sont mis dans des cuves chauffées grâce à un système hydraulique ressemblant à la cuisson au bain-marie. 

 


Huit cent quarante clients et être le distillateur le plus prisé n'est pas le fruit du hasard ... Il y avait une méthode Thomasset : d'abord travailler plus que les autres, mais cela ne suffit pas; il était légèrement moins cher que les autres distillateurs.

Mais, surtout, il prenait le temps de distiller. Par exemple, pour diminuer les degrés d'alcool de 80° à 50° , beaucoup de "concurrents " mélangeaient de la gnôle avec de l'eau, ce qui avait évidement comme effet d'atténuer le goût de la gnôle. 
 
L'eau-de-vie mélangée avec de l'eau était facilement reconnaissable car le liquide devenait bleuâtre. Pour éviter cette facilité et donner un bel aspect à l'eau-de-vie, Thomasset lui, distillait jusqu'à la fin, c'est-à-dire que les dernières gouttes de prune n'ayant plus que 16 ° d'alcool permettaient d'atteindre les 50 ° naturellement. 
 
C'était l'étape la plus cruciale, la plus délicate, car il ne fallait pas brûler les fruits... les fruits brûlés, vous vous en doutez bien, donnaient un goût de "roussi" au produit fini. La distillation durait trois heures et demie pour vingt litres de prune.
 
Les clients allaient à son alambique aussi parce qu'ils savaient que Jules trouvait toujours une solution aux problèmes. Lorsque les fruits fermentés avaient pris l'air, s'étaient oxydés à en devenir acidulés, il mettait de la chaux : deux tasses par cent litres et  la prune perdait son goût de vinaigre. 

Et, pour les tonneaux dont le bois était légèrement pourri et qui pouvait donner un goût fort désagréable, il mettait du charbon de bois de peuplier. C'est grâce à ses connaissances, son goût du travail bien fait et la production d'un alcool d'une qualité inégalée que Jules Thomasset rendait heureux et fidélisait huit cent quarante clients.

 

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