BENOÎT PACAUD SOLDAT ET ARTISTE PEINTRE | EXPOSITION DU CENTENAIRE DE LA DER DES DERS À SORBIER 2018
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Collection Benoît Pacaud - 17 octobre 1917 - L'Invasion |
Pour célébrer le Centenaire de la Première Guerre Mondiale, en plus des cérémonies officielles, une exposition s'est tenue à Sorbier, le 10 et 11 novembre. Elle a rassemblé essentiellement des toiles et des objets de la collection Benoît Pacaud ainsi que des documents ayant appartenu à d'autres Poilus.
Cette exposition fut l'occasion d'honorer les soldats et leurs familles, d'apprécier le travail de M. Pacaud et également de parler de cette période terrible de notre histoire avec ses descendants, Mme Isabelle Tablet et M. Gilles Tablet.
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De gauche à droite : Jean-Paul Chevasson, Henri Pujos et Gilles Tablet |
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Exposition Benoît Pacaud à 03220 Sorbier |
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Incorporation , grade et qualités de M. Étienne Valot |
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Jean-Marie Laforêt - Médaille commémorative -1914 - 1918 - En mémoire de la Grande Guerre |
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Souvenirs de la Grande guerre avec deux bagues en aluminium coulées près du front. À droite une partie du télémètre de M. J.-P. Chevasson |
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Benoît Pacaud - Simple Soldat et Artiste |
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Dessins de la Collection Benoît Pacaud - Dessin intitulé - L'Invasion |
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Collection Benoît Pacaud - 17 octobre 1917 |
Ces images sont relativement représentatives de l'exposition. Relativement car il y avait des dizaines de dessins, de cahiers notamment sur les Martyrs de Vingré et le livre manuscrit écrit de la main de M. Benoît Pacaud...
En quelques photographies nous vous avons fait un petit tour, un tout petit tour de l'expo sans vous avoir présenté Benoît Pacaud, voici donc une courte biographie tirée du cahier d'étude édité par la Défense du Patrimoine archéologique Est-Allier et qui rend hommage, c'est aussi le titre de ces présentations, aux Poilus d'entre Besbre et Loire.
Courte biographie de Benoît Pacaud
Benoît Pacaud naquit en 1893 à Saint-Léon et quitta physiquement notre monde en 1984 à Sorbier dans le département de l'Allier. Il a été incorporé en 1914 à Lyon dans le 5 e Régiment d'Infanterie Coloniale engagé en Argonne. Là-bas , il commence à ciseler des bagues dans des fusées d'obus "boches".
Le 14 juillet 1915, lors d'une attaque , il est blessé par un éclat d'obus et se rend au poste de secours par ses propres moyens. Évacué puis opéré à l'hôpital de Bar-le-Duc, il passe sa convalescence à Paris. Là. émerveillé par la capitale qu'il parcourt en tous sens, il commence à dessiner et peindre les monuments parisiens.
Le 21 décembre, il se retrouve à l'infirmerie de Calluire , près de Lyon. Notre artiste passe son temps à visiter musées et expositions , à étudier la peinture et à peindre lui-même. Devenu ordonnance d'un "médecin-chef", il prend des cours auprès d'un d'un peintre portraitiste.
On le nomme infirmier pour s'occuper de "nègres" qu'il prend en affection.
En janvier 1917, changement de programme, Benoît Pacaud est incorporé au 114 ème régiment d'infanterie dans les Vosges. Un officier le prend comme ordonnance (moyennant une canne sculptée) . Il reprend peinture , dessin et excursions.
Il change d'officier fin 1917, celui-ci lui réclame un tableau . A l'occasion, notre Bourbonnais devient décorateur de théâtre.
En 1918, il profite des déplacements de ses officiers pour visiter la région, notamment Nancy qui lui plait beaucoup. Dessin, peinture, l'occupent toujours autant.
Le "poilu" artiste est enfin démobilisé le 26 mars 1919. Depuis, ce jour , il a abandonné définitivement crayon et pinceaux. sans doute devait-il considérer que son activité artistique était liée à la guerre, c'était en quelque sorte une parenthèse qui n'avait pas lieu d'être.
Rentré au pays, Benoît Pacaud fut mineur à Bert-Montcombroux pendant 23 ans.
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Coll. privée de la famille Tablet-Pacaud - Jean Sauzet dans la mine (à gauche) et Benoît Pacaud (à droite) - Mines de Bert-Montcombroux-les-Mines - |
Cette image a été envoyée par Madame Tablet, et selon ses souvenirs : " Benoît Pacaud a été victime d'un accident dans la mine, il a été enseveli le 14 avril 1926 et je crois qu'il est le seul à en être sorti vivant. Cette histoire est racontée dans le livre de René Besson : Les Mines de Bert (éditions l’Échoppe).
La rumeur du vent (expression tirée du titre du livre de l'auteur bourbonnais Thierry Bardot) , nous raconte qu'il a été maçon chez Marcel Very et qu'il a travaillé à la commune de Sorbier. Puis, profitant de sa retraite, les gens du village le voyaient, par exemple, partir le matin sur son vélo avec une cage à lapin devant et une cage à lapin derrière. Il revenait le soir du marché de Jaligny sans ses quatre lapins vendus pendant la journée. Il faut vous dire Chers Lecteurs que des Belots à Jaligny, il y a une bonne trotte... même en vélo.
Les Mémoires de Guerre de Benoît Pacaud - Témoignage de Benoît Pacaud - Simple soldat et artiste.
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Cahier manuscrit de M. Pacaud |
Le carnet de Benoît Pacaud est un témoignage précieux. Tout au long des 173 pages, l'auteur nous raconte avec précision et concision ce qu'il a vécu pendant ses 51 mois passés au service de l'armée pendant la guerre. Ouvrir le cahier, ou du moins sa copie "dactylographiée" entraîne le lecteur immédiatement dans un autre espace-temps; en l'espace d'un instant nous passons du confortable chez-nous aux pavés de Lyon, le mercredi 16 décembre 1914 :
"Nous voici alors sur le pavé de la grande ville et de suite nous nous mettons en quête de chercher notre caserne qu'un passant obligeant nous montre, là-bas, au bout de la Saône au pied du fort Saint-Jean.
Mais après nous avoir porté rentrant sur le registre , on nous laissa notre liberté jusqu'au lendemain.
Il va sans dire qu'on en profita bien vite pour passer ce temps en ville et "voir" un peu, sans toutefois nous aventurer bien loin dans la crainte de nous égarer ; on put encore coucher dans un petit hôtel du quai Pierre-Scize, ce jour-là, puis ce fut fini, la caserne nous accapara définitivement dès le lendemain 17 décembre. "
C'est le premier paragraphe du livre, il donne le ton et le rythme de la narrativité du récit. Certes, ce n'est qu'une considération stylistique mais elle est nécessaire car elle rend hommage au talent littéraire d'un jeune homme pauvre en diplôme mais riche de sa culture.
Puis, l'histoire se déroule inexorablement, les entraînements dans l'Ain, le "voyage" en train en direction du front, l'attaque qui changera pour lui le cours des événements :
Puis, l'histoire se déroule inexorablement, les entraînements dans l'Ain, le "voyage" en train en direction du front, l'attaque qui changera pour lui le cours des événements :
Aussitôt que nous fûmes sortis, voici les tirs de mitrailleuses des boches qui se déclenchent et nous fauchent comme du blé.
Je vois tomber les camarades de droite à gauche et aussitôt d'instinct , ceux qui sont encore debout, nous nous couchons et on avance tout en rampant avec précautions sur le ventre.
Les camarades tombent toujours.
Tout à coup, pendant que je rechargeais mon fusils , étant légèrement relevé sur les coudes , je suis étourdis par une forte détonation, en même temps que je ressentais une terrible secousse à l'épaule gauche. J'étais blessé par un obus qui venait d 'éclater près de moi.
[...] Je me souviens encore que je vis nettement un camarade qui tirait toujours devant moi , mon voisin de droite , c'était un nommé My de Lapalisse, je ne sais pas bien ce qu 'il est devenu , mais je crois bien qu'il fut tué comme tant d'autres dans cette affaire.
[...] Je vis tout ça puis je tombai dans le délire. Je ne sais pas bien au juste le temps que j'y restai . En tous cas, je crus mon dernier moment venir et mourir ici.
Il y aurait encore beaucoup à dire , à citer à propos de ce livre
L'auteur nous emporte, il nous enrichit par sa sagesse, sa poésie. Il nous instruit sur ce qu'était la vie des poilus. Il partage ses émerveillements, nous parle de Lyon, de Paris, de Laître-sous-Amance, de Toul parmi "mille" autres villes et villages. Il décrit les monuments, il les dessine grâce à un sympathique capitaine nommé d'Albinet qui lui fit cadeau de crayons, peintures et pinceaux...
Benoît Pacaud termine son récit par ces mots : "Je termine donc ce journal où je viens de relater mes principaux souvenirs tant par l'écriture que part le dessin, ici, chez Mme Veuve Grandidies ou depuis six mois , j'y suis aide-cuistot.
Et nous aussi nous terminerons ici, même s'il y aurait encore beaucoup à dire à propos de ce livre car comprenez-nous, Benoît Pacaud était généreux dans le verbe et il y a vraiment plusieurs informations par phrase. Et, si nous osons dire livre, c'est à cause de la rumeur du vent, encore elle, qui nous dit qu'il sera publié.
Il y aurait encore beaucoup à dire , à citer à propos de ce livre
L'auteur nous emporte, il nous enrichit par sa sagesse, sa poésie. Il nous instruit sur ce qu'était la vie des poilus. Il partage ses émerveillements, nous parle de Lyon, de Paris, de Laître-sous-Amance, de Toul parmi "mille" autres villes et villages. Il décrit les monuments, il les dessine grâce à un sympathique capitaine nommé d'Albinet qui lui fit cadeau de crayons, peintures et pinceaux...
Benoît Pacaud termine son récit par ces mots : "Je termine donc ce journal où je viens de relater mes principaux souvenirs tant par l'écriture que part le dessin, ici, chez Mme Veuve Grandidies ou depuis six mois , j'y suis aide-cuistot.
Et nous aussi nous terminerons ici, même s'il y aurait encore beaucoup à dire à propos de ce livre car comprenez-nous, Benoît Pacaud était généreux dans le verbe et il y a vraiment plusieurs informations par phrase. Et, si nous osons dire livre, c'est à cause de la rumeur du vent, encore elle, qui nous dit qu'il sera publié.
Patrick Clot, Sorbier, le 22 novembre 2018
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